Sarah Del Pino conçoit la peinture comme une respiration au cœur de sa production. Les éléments picturaux composés de toile cirée transparente, de plexiglas, et de miroirs,sont intimement liés à des notions de sculpture et associent des réflexions sur les rapports de surfaces et d’aplats à des effets de drapé d’un certain classicisme. On ne s’éloigne pourtant que peu de la réalisation de décor, puisque l’environnement créé dans cet espace relève autant du décor cinématographique que de l’installation artistique. L’utilisation de matériaux métallisés, réfléchissants, et de formes, aérodynamiques, renvoie à l’univers de la science-fiction cher à l’artiste, faisant basculer l’évocation de la forme sépulcrale vers l’esthétique du vaisseau spatial. Phénomène otique, le mirage envahit les murs et donne la sensation de projection de particules de peinture,comme à l’intérieur des lieux sacrés. Une cimaise miroir striée d’un liserai dont les couleurs se modifient, dessinant une ligne d’horizon mouvante Le mirage inférieur est un processus visuel qui s’opère lorsqu’un sol atteint une température très contrastée par rapport à l’air qui le surplombe, notamment sous l’effet du soleil. Un phénomène de réfraction/diffraction se produit alors, qui conduit à la réflexion d’un objet sur le sol. À titre d’exemple, cette manifestation intervient souvent dans les déserts chauds, créant la chimère d’une oasis alors même qu’aucune étendue d’eau n’est présente. Ici, c’est l’utilisation de la peinture holographique et son caractère iridescent lui donne cette impression trompeuse. Sarah del Pino développe ainsi un nouveau langage plastique pour traduire le rapport qu’elle entretient avec illusion et réalité, entre lumière et pénombre.